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Antxoka space
23 juin 2007

Le clochard et la fille Episode2

La route est longue et la ligne sinueuse. Alors même que l'homme de la formation nous affirmait que la seule chose plus chère que l'intelligence n'était autre que l'ignorance, je rêvais d'un monde meilleur.

Ce monde meilleur était moins chaud qu’aujourd’hui, ensoleillé quand même. C'était aussi un monde où je me serais couché moins tard, et dans lequel je n'aurais pas croisé ce clochard. Un monde sans ce foutu président, et sans la moitié des français. La voix tonitruante d'Alain à coté de moi réagissant vigoureusement à la formation me sortit de mon rêve au moment même où je voyais un monde sans Alain. Après tout, réflexion faite, il était préférable que la France ait ces 50% de cons, imaginons qu'ils soient tous rassemblés dans un autre pays, c'eût été atrocement dangereux !
Un monde sans pays, sans pollution, sans bruit inutile. Des concerts, de la musique oui ! Le grincement d'un tram sur les rails et la commutation, tant appréciée par Alain, des thyristors du pont redresseur de courant à double étoile, non. Le formateur jouait avec le petit laser rouge, je m'étalais dans le fauteuil de l'amphi. Ah, la nostalgie des amphis d'étudiant. Un monde sans le temps qui passe, mais qui se bloque juste à 22 ans, dans une période sans examens. Un monde avec la téléportation, pour aller à la plage tout de suite. Ah bon? Ça pollue la téléportation ? Mon cerveau jouait alors à un jeu très impressionnant : mon troisième moi était en train de remarquer que deux autres moi tentaient un débat écologique sur des moyens de transport qui n'existent pas. Mes « moi » se rassemblèrent quand l'homme de la formation prit son exemple dans un projet sur lequel je travaillais et évoqua le nom de mon chef. J’eus un frisson. Un monde sans projet, sans chef, sans actionnaires, sans client. Comment ça communiste, rouge de l'an 2000 ? Moi ? Un monde sans homme politique. Il faisait chaud. Un monde sans déodorant. Avec tout le monde qui sens bon naturellement. Un monde sans String, pourquoi ? Ah oui tiens, pourquoi ? Mais avec quoi alors ? Il commençait à être bien dépouillé déjà mon monde, quand Alain me glissa un mot à l'oreille, en rigolant. N'ayant pas écouté la phrase de l'homme de la formation, l'anecdote d'Alain tomba comme un flan auprès de moi, je souris mais il comprit que je n'avais rien compris. Il me dit : « Bon laisse tomber !!! » Un monde où rien ne pourrait tomber. L'apesanteur si, c'est plus facile pour marcher. Dans mon monde il y aurait quand même des girafes, des pingouins, pas de chiens, ni de chevaux. Comme ça les filles qui aiment les chevaux n'existeraient plus non plus, tant mieux. Il y aurait des doryphores, parce qu'ils pimentent un peu la vie de la culture des pommes de terre et puis comme je ne m'en occupe pas... vivent les doryphores. Dans ma planète parfaite il y aurait quelques maladies graves, qui nous menacent, auxquelles on survivrait toujours, mais sans le savoir d'avance. L'homme de la formation éternua et s'excusa sous prétexte d'une allergie printanière. Il y n'y aurait pas de rhume, ni d'allergie. Un monde avec ABBA, Pink Floyd et Radiohead, mais sans les Rollings Stones, Sardou ou La bande à Basile. « Des petits dépliants sont à prendre en sortant » dit l'assistante de l'homme de la formation. Mon monde serait sans dépliant (sauf les flyers BOXSON !!!). « Alors n'oubliez pas: faites attention à bien fermer la porte de votre bureau quand vous vous absentez, faites attention aux femmes de ménage, aux remplaçants, aux prestataires,  aux gens de l'extérieur. Tout le monde doit bien porter son badge en vu : l'espionnage industriel n'est pas une fiction, ne soyez pas paranoïaques mais pensez y ! » Un monde sans serrure et sans argent, oui, sans barrière et sans besoins. Un monde sans besoin de liberté, sans besoin de silence, sans besoin d’air pur, sans besoin qu’on nous rassure. Je devais revenir dans le nôtre, ou plutôt dans le vôtre, le vrai monde, la vraie vie. Internet n'était pas utile pour moi, j'étais drogué à une vie virtuelle, dans ma tête. Et la vie dans ma tête, elle était belle, parfaite. Je quittais la réunion, je quittais mon bureau.

Dans les bouchons de la ville, j’attendais, comme tout le monde. Et la vie dans ma tête, elle était belle, elle est belle. Je me garais, un peu égaré, plein de fatigue, d’image et de son. Je sifflotais comme si j’étais heureux, comme si…

Après avoir recroisé le clochard, lui avoir donné 10€, l'argent n'ayant plus de valeur, je me rattrapais un peu de l'ignorance d'hier. Un monde sans ignorance, mais où je serais quand même celui qui a toujours raison. Comme mon père, comme son ami, nous serions peu à avoir toujours raison dans mon monde. Un monde avec des moustiques pour les cons, pas de prison, pas de religion mais une paix intérieure. Un monde sans toi le clochard évidement, enfin disons, avec toi mais pas sur un carton. Un monde plein d’herbe verte du sud Ouest. Un monde avec des pleurs pour rien.

Quand le feu piéton fût vert, je retombais sur elle. Son regard sombre, son assurance instable, son bonheur de l'instant et sa robe. Dans mon monde ou dans la vraie vie ? Je me perds ! La seule chose qui de mon monde à la vraie vie reste la même. Dans mon monde totalement dépouillé elle demeure intacte. Tout se transforme sous une plus jolie forme mais elle. Dans mon monde, c'est elle. A moins qu'elle n'existe ainsi que dans mon monde meilleur...

Le vent, accompagnait tendrement sa démarche. Je poursuivis mon chemin.

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Commentaires
J
Oui, c'est moi, la fille du blog.<br /> Si c'est pas indiscret, t'as quel âge?<br /> <br /> Quand les commentaires sont sympas, sur mon blog, il sont toujours rendus.<br /> J'aime bien le Tien.<br /> <br /> Tschüss.
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