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Antxoka space
9 mars 2008

Le bal des cons 4/4 fin

   Le discours du maire venait de se terminer sans gros incident. Tous nous commencions à ne plus pouvoir nous contenir. Et à avoir des envies de meurtre.

Ouah, Jonathan, je ne l’avais pas vu depuis le collège. Il est allé au Futuroscope le week-end dernier, super ça, bien bien bien.

- Tu y es allé avec David ? Est-ce qu’il revient pour les vacances ?

Houla, j’avais honte de mon humour, mais je n’avais que ça sous la main pour continuer à discuter…bref…

- Comment ?

- Non euh, t’as des news de David ?

- Je l’ai aperçu au bureau de vote en mai dernier mais en coup de vent

Je compris qu’ils n’avaient rien eu à se dire, comme nous en ce moment quoi.

- Sinon qu’est ce que tu deviens ?

- Et moi, euh pas grand-chose…

Je baissais mon regard, lui aussi et nous n’attendions plus qu’une diversion pour pouvoir partir en toute politesse. Le présentateur annonça, pour nous sauver, que nous pouvions nous diriger vers le buffet… ouf ! Jonathan en profita pour me glisser qu’il allait rejoindre sa copine… Bon je vais voir un autre con, décidément les vieux amis de collège ne sont pas faciles à revoir.

- De toutes façons nous on n’est que des petits cons, qu’est ce que tu crois, tout se décide là haut… à quoi ça sert de voter, droite ou gauche, les choses qu’il faut faire seront faites d’une manière ou d’une autre ! ils sont tous cul et chemise les politiques. S’ils te disent quelque chose pendant la campagne c’est pour séduire les électeurs, et même ceux qui sont de bonne foi, arrivés au pouvoir, ils se rendent bien compte qu’ils ne peuvent pas faire ce qu’ils avaient prévu alors moi dimanche, je me casse ! »

- Ceux sont des bouffons, l’un comme l’autre, au temps de De Gaulle c’était autre chose les hommes politiques »

- Oh papy tu nous saoules avec De Gaulle et Napoléon !

- Moque-toi ! n’empêche qu’on savait pourquoi on allait au bureau de vote nous, on n’avait une orange à Noel et de la viande une fois par semaine le dimanche ! C’est parce que vous n’avez besoin de rien que la politique vous ennuie.

- De toutes façons tous des pourris !

- Non le problème, c’est le nombre d’étranger… et puis les africain du nord…de mon temps c’était les polonais et les italiens, on se mettait un peu sur la gueule mais c’était réglo, ils ne brulaient pas des voitures et n’agressaient pas les gens dans la rue. On se battait au bal ! Ah des sacrés cons ceux-ci, toujours avec un schlass ou un cul de bouteille mais bon c’était réglo

- Arrête tout de suite papy tu délires, les problèmes n’ont rien à voir avec ça !

- Mais si, mais regarde c’est toujours les mêmes qui foutent le bordel.

- Qu’ils aillent le mettre dans leur pays !

- C’est toi qui es allé le mettre dans leur pays le bordel, ils t’avaient rien demandé

- J’intervins pour calmer les esprits échaudés : Mon pote Karim…

- Le papy me coupa tout net: Karim ce n’est pas pareil, son père est chez Merlin depuis 76…

Toutes ces conneries me stoppèrent net… Décidément vraiment un bal de cons.

Je cherchai Linda du regard, et lui fis signe de venir avec moi. Ma conne de sœur vint avec elle pour me taper 5€. Nous sortîmes un peu dehors. Je racontais à Linda ma rencontre avec Jonathan et celle d’avec Laurent et son grand père. Je ne le savais pas si raciste que ça ! Linda me confirma que dans un bal des cons tout le monde est raciste… pas faux ! (Si j’ai compris le mot raciste !) Puis elle me dit qu’ils ne sont pas vraiment racistes, ils généralisent un peu trop ! Ah non pas Linda, pas elle ! Avec le regard noir que je lui lançais, elle se ravisa en m’expliquant qu’elle n’était pas d’accord mais qu’il fallait reconnaître que pour certaines personne la cohabitation est difficile, la culture est tellement différente que ça augmente l’incompréhension et crée des crispations qui conduisent à une mésentente cordiale, jusqu'à ce que ça explose. Je répondais que les cons d’ici en sont des vrais, qu’ils avaient foutu Karim dehors pour la simple raison qu’il s’appelle Karim. Et que dans ce village, dans ce bal, il n’y a que des cons en manque de sensation, comme des jeunes de cité glauques. Ici les gens sont dans des campagnes glauques et ont besoin de se défouler, ils tombent sur la première minorité qui passe. Pourquoi crois-tu que tout le monde s’inscrit au club de rugby ou aux pompiers ? Tu crois que tous sont passionnés de ballon ou d’incendies ?

Tu crois que tous ont besoin de sentir l’esprit de corps et d’équipe ? Non, ils ont peur d’être une minorité et d’être le prochain à se faire taper sur la gueule au bal des cons ! Linda savait que j’exagérais elle me sourit pour que j’arrête, ce que je fis avant de m’énerver tout seul. La musique était sympa, c’était les lacs du Connemara de Sardou, je hais Sardou, et pourtant j’aime bien cette chanson…

« Terre brulée au vent… » Nous fîmes tous une farandole, se tenant épaules contre épaule « Autour des lacs, c’est pour les vivants… » Nous sautions, ensembles, tous les cons réconciliés autour d’une chanson et de la belle voix d’un mec bien de droite. « Maureen a plongé nue » J’avais malheureusement le gros lard saoulé qui avait pété le nez de Karim 2 minutes avant à coté de moi, mais il avait le sourire, moi aussi et ma foi, cette belle brochette de cons tournant et chantant tellement faux me faisait rire. « Et que la folie ça se danse… » un type se décrocha violement de la ronde, poussa légèrement un autre homme tout maigre et propre sur lui, le jeta à quelques mètres en l’insultant de tous les noms d’oiseaux pour finir par « Va toucher les fesses d’un autre sale PD va mourir ». Le fascisme, l’apologie de la peine de mort, tout y était, rien ne change jamais. Nous étions là à ne pas réagir vraiment. « Ni celle des rois… d’Angleterreuuuh » Karim devait avoir des cotons dans le nez dans son lit.

Un homme parfumé dont la main avait glissé pendant qu’on sautait était étalé sur la piste essayant d’éviter les rires gras des plus cons des bals en train de se foutre de lui et de sa présumée préférence sexuelle. Les « Portugais » s’étaient encore fâchés avec le clan de Marcel, les trois fils de la mère Michalon s’étaient encore engrainées avec la bande du quartier de l’église. La gendarmerie était passée chercher les gars du village d’à coté venus foutre la merde avant le match de demain. Je rangeais la salle après encore quelques péripéties de ce genre. Le Paul, un des cons qui se fait avoir comme moi à ranger la salle après chaque soirée, lui parce que sa femme est à la maire, moi, parce que ma mère est trésorière de l’association, me lance fatigué une dernière phrase : « Il était bon ce couscous au moins ils cuisinent bien eux, c’est déjà ça. C’est mieux que leur première idée de faire un thème japonais ou je sais plus quel truc asiatique... Tu me vois moi avec un chapeau pointu sur la tête et manger des nems avec des baguettes ? » Les préjugés ont la vie longue, le bal des cons aussi, je rigolais par politesse. Déjà dimanche et rien n’a changé, je suis poli avec les cons par peur de pouvoir l’être aussi à l’occasion.

 

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Commentaires
G
dans l'muuuuuuuuuuuuur!
Répondre
N
"dimanche il faut voter ... moi j'vais aller pécher !!" ;)
Répondre
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